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25 juin 2019 2 25 /06 /juin /2019 15:45

oui c'est de la techno

Cela fait deux heures que je m'escrime  à essayer de remettre en état cette foutue machine à coudre. Cette machine a appartenu à la maman de mon épouse. Achetée dans les années quarante, elle dort depuis dix ans sous mon bureau... je me suis engagé en recevant ce bel objet de fabrication suisse ( ça ça en jette hein?), je me suis engagé à la remettre en état.- 

Elle trône sur mon bureau, les tripes a l'air. Une heure déjà que je cherche à comprendre ce qui coince dans la jolie mécanique de précision étalée devant moi. Si dans dix minutes je n'ai pas trouvé la solution, je rassemble toutes les pièces dans un sac poubelle et en route pour la décharge.   

Concentrons nous sur ces prochaines minutes fatidiques pour elle.   

Je crois pouvoir affirmer que personne n'était passé avant moi si ce n'est il y a des dizaines d'années.  Puisque cette foutue machine à coudre, achetée dans les années 60 par la maman de ma moitié et que depuis personne ne l'avait plus utilisée sauf ma femme lorsqu'elle s'était inscrite à un stage de couture.... cela avait duré 3 mois!  

Je m'évertue a extirper comme on le fait du corps d'un escargot de sa coquille. Quelques secondes plus tard,  j'ai sorti la minuscule pièce chromée qui sert à alimenter la pièce cousue en ''fil intérieur'' telle que l'a désignée le mode d'emploi.   

Une fois sorti de son logement, le minuscule assemblage se bloque résiste puis se disperse en projettant à travers la pièce un ressort microscopique qui va se perdre entre mes cartons à dessin.   

Je vis en enfer!   

A genoux, lunettes au front, je rampe, nez au sol. Je dérange quelques moutons cachés là et miracle, je retrouve ce satané ressort.   

Je me sers alors d'une loupe éclairée. Je déplace, comprime, extrais,  glisse, retourne, réfléchis, injurie, je grogne, ma main tremble. J'interprète un vrai scénario de film d'horreur destiné a battre en brèche ma réputation.     

Stop!  

Quelques instants de réflexion s'imposent  maintenant. Je m'interroge au sujet de cette foutue vis placée là et qui semble si inutile au fonctionnement du microbidule.   

J'aborde cette question en psychologue averti, que fait elle, pourquoi elle, mais ma question reste sans réponse. Petite, un millimètre de diamètre, a peine visible, dépassant si peu de son support, brillante, arrogante elle se moque et me fait de l'œil.    

Elle est là pour quel besoin, quelle est son rôle, sa fonction?. Elle me questionne, m'interroge. Je me rends à l'évidence qu'elle ne sert à rien à l'endroit où elle se trouve.   

Mais alors qui s'est donné tant de mal pour la fixer là.   

Une étincelle s'éclaire et agite quelques uns de mes neurones assoupis.   

N'aurait-elle pas été montée à l'envers cette vis, ne serait elle pas placée là, de l'autre côté de la pièce dans laquelle elle est vissée, ne jouerait-elle pas un rôle de butée afin de limiter la course du clip lui-même poussé par un ressort lui-même comprimé et qui reste prêt à gicler dès que la pièce ne sera plus limitée dans son mouvement.   

Si c'est le cas quelqu'un qui est passé avant moi a fait une grossière erreur en le vissant du mauvais côté. Impossible, impossible, impossible cette piece n'est passée qu'entre les mains de professionnels.   

Je m'exécute! Je mets en action ma pensée. Je desserre la vis, j'introduis le ressort. Qu'elle ne fut pas ma rage de m'apercevoir en extirpant un minuscule élément de cette machine de m'apercevoir qu'elle était montée à l'envers. Saloperie, il résiste le coquin.  Plus sérieusement je comprime le ressort, je glisse la pièce fixant l'ensemble dans son logement puis je replace la vis tenue jusque la en équilibre sur la pointe aimantée du tournevis.    

Miracle la pièce coulissante entre dans son logement, le ressort accepte d'être comprimé, la vis retrouve son emplacement et rejoue depuis cet instant son rôle de butée qu'elle avait abandonné sous l'action ou par la pointe dun tournevis tenu par les mains du technicien qui m'a précédé. Je pose ici mes doigts soixante ans après sur ceux d’un autre homme! Suis-je connecté avec lui?.....non, décidément, je ne sens rien!  

  

Imagine, lecteur attentif et anxieux de connaître la fin de cette aventure angoissante, imagine que je pose une question à travers les âges.  

Ma question ne pouvait trouver de réponse, elle se trouvait verrouillée derrière un demi siècle achevé. Elle touche au sujet angoissant de l'age, de la qualité du travail bien ou mal fait,  de la colonisation et de la décolonisation ( cette machine a été acquise en Centre Afrique) et du temps perdu, celui que personne ne rattrape plus. Qui a bien pu faire ça, ne suis-je pas en train de me tromper ? Et qui suis-je pour juger le travail d'un technicien soixante ans plus tard. Moi je peux argumenter, lui pas!  

Malgré mon âge avancé, puis-je juger coupable de malfaçon cet homme qui aurait aujourd'hui cent vingt ans au moins, le double du mien.   

Je suis en train de soutenir que cette vis n'etait pas à sa place et qu'elle avait été mise là par erreur par un incompétent. Quelle arrogance !   

Ca frise l'irrespect, je dois l'admettre ! Mais enfin comment ne pas juger?  

J’abandonne là mes questions et j'admire mon travail. Le ressort qui se comprime, le fil qui reste à sa place, la machine qui coud et le mécanisme soixantenaire qui reprend vie et fonctionne bien. Vrmm, vrmm, tchac, tchac, grrr grrr…. 

J'ai de la chance car cette jolie mécanique est solide, conciliante, et heureuse de fonctionner.   

Je suis heureux et fier. Je demande pardon à l'homme qui m'a précédé, mais mec, tu avais fait une connerie !....ça arrive a tout le monde! 

 

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